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FIGARO.

Survient Figaro : celui-là n’est plus le raisonneur qui, à chaque moment, interrompt l’action dramatique pour dire son mot sur l’homme, la société et la liberté. Avec Beaumarchais, c’est du choc des caractères que jaillit l’étincelle ; la satire et l’intrigue ne sont plus juxtaposées ; elles se mêlent emportées par un même souffle de verve et de gaîté. Si par aventure la philosophie montre encore le bout de l’oreille, c’est, pour parler comme Sedaine, a une philosophie en Polichinelle à faire étouffer de rire ». Et voilà une première nouveauté qui transporte le parterre.

Ajoutez au charme de l’esprit et de l’intrigue un autre attrait, « le plus pénétrant de tous pour un monde qui raffole de Parny… C’est l’appel aux sens, l’éveil des sens qui fait toute la verdeur et toute la saveur de la pièce. Le fruit mûrissant, savoureux, suspendu à la branche, n’y tombe pas, mais semble toujours sur le point de tomber ; toutes les mains se tendent pour le cueillir, et la volupté, un peu voilée, mais d’autant plus provocante, pointe, de scène en scène, dans la galanterie du comte, dans le trouble de la comtesse, dans la naïveté de Fanchette, dans les gaillardises de Figaro, dans les libertés de Suzanne, pour s’achever dans la précocité de Chérubin. » (Taine, Ancien Régime.)

Enfin, applaudir Beaumarchais c’est fronder le pouvoir. À la première du Barbier de Séville, tout