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FIGARO.

anarchiste par boutade, comme beaucoup de conservateurs français.

Il ne veut ni bouleverser la société ni changer la constitution de l’État ; non ! mais il y a de grands abus dont il a souffert ! Il croit la noblesse une excellente institution ; mais à Versailles des nobles lui ont trop crûment rappelé l’état de son père, puis un gentilhomme a voulu le dépouiller de son bien ! Il respecte la magistrature ; mais des juges lui ont fait perdre ses procès ! Il ne croit pas que les lettres de cachet soient inutiles et lui-même en sollicite, au besoin ; mais, en vertu d’un ordre arbitraire, on l’a incarcéré au For-l’Évêque ! Et le voilà qui crible les abus d’épigrammes, s’élève contre les lettres de cachet, se venge des gentilshommes et berne les magistrats. Puis, un jour, il constate avec surprise que ses représailles ont dépassé le but. La Bastille est démolie. Gentilshommes et magistrats sont traques par les patriotes. Danton crie au parterre : « Figaro a tué la noblesse, Charles IX tuera la royauté. » Et le père de Figaro est incarcéré à l’Abbaye.

Beaumarchais n’était pas homme à faire son examen de conscience et à se demander s’il n’avait pas quelque responsabilité dans des excès qu’il détestait. Il s’est toujours contenté de dire : « Ceci n’est pas mon œuvre ». En avait-il le droit ? C’est l’éternelle question de la responsabilité morale de