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BEAUMARCHAIS.

dues : Qu’est-ce que l’écrivain a voulu mettre en son œuvre ? Comment les contemporains l’ont-ils comprise ? Comment l’histoire l’a-t-elle interprétée ?

En lisant les Mémoires et la correspondance de Beaumarchais, on est surpris de s’apercevoir, comme le dit Loménie, que « ses idées politiques se ressentaient peu de l’effervescence de son esprit ». L’auteur du Mariage de Figaro n’avait rien d’un émeutier. Il n’a jamais songé à abattre la maison où le sort l’avait fait naître. Il trouvait un peu étroit et un peu mesquin le logis qu’on y réservait aux fils d’horloger ; mais, après tout, il jugeait la demeure habitable.

En 1799, comme il désirait qu’on l’envoyât en Amérique pour y représenter la République et poursuivre le recouvrement de ses créances, il trouvait bon d’adresser à Talleyrand un de ses anciens mémoires en faveur des insurgés américains et il ajoutait : « Offrez-le de ma part au Directoire exécutif : il y reconnaîtra l’esprit libre et républicain qui m’animait dès ce temps-là, les vérités que j’y disais à nos incapables ministres, quand tout ce qui existe en France était à genoux devant eux ! »

Talleyrand dut sourire à cette lecture. Beaumarchais n’était ni un républicain ni un libéral de la veille.

En 1775 il écrivait au roi de France : « Le malheureux peuple anglais, avec sa frénétique liberté,