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BEAUMARCHAIS.

sible selon la mode de son temps, il appelait volontiers son fils Grandisson. Il était fort religieux, ce qui ne l’empêchait pas, d’ailleurs, de tourner de petits vers galants, d’aimer la musique et les propos salés. On retrouvera tous ces traits vivement accusés dans la physionomie de Beaumarchais. Exceptons pourtant le sentiment religieux : Figaro ne doit rien à Calvin.

Il y eut toujours entre le père et le fils une tendre intimité : leurs lettres en témoignent. Et c’est une des pages les plus charmantes des mémoires contre Goëzman que celle où Beaumarchais, répondant à qui lui reproche l’état de son père, s’interrompt soudain : « … Mais je m’arrête ; car je le sens derrière moi qui regarde ce que j’écris et rit en m’embrassant ».

En contant le voyage en Espagne, nous retrouverons deux des sœurs de Beaumarchais : Marie-Josèphe Garon, mariée à l’architecte Guilbert, et Marie-Louise, la fiancée de Clavijo. Mais celles qui furent le plus souvent mêlées aux aventures de sa vie étaient les deux cadettes : Marie-Julie et Jeanne-Marguerite. La première ne se maria point, et jusqu’à son dernier jour demeura la conseillère et la collaboratrice de son frère. Elle était à la fois grave et enjouée : elle composait des chansons et des noëls, jouait de la harpe et du violoncelle, savait l’italien et l’espagnol, tournait des lettres