Page:Hallays - Beaumarchais, 1897.djvu/116

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
110
BEAUMARCHAIS.

procuré une maîtresse au roi d’Espagne, il sait, sans doute, comme tout le monde, quelle basse intrigue de cour a mérité à ce même Choiseul, avec l’amitié de Mme de Pompadour, l’ambassade de Rome, premier échelon de sa fortune : il doit donc juger qu’un pareil ministre sera indulgent aux jeux de l’amour et de la diplomatie. Mais, après la mort de Louis XV, les mœurs publiques se transforment et le gouvernement de Louis XVI est un des plus honnêtes que la France ait connus. Beaumarchais ne paraît pas s’en apercevoir.

Enfin, ce ne sont pas seulement d’indignes libellistes qui l’ont jugé avec sévérité. Nous avons consulté les témoins de sa vie privée, voici maintenant un témoin de sa vie publique. On ne récusera pas son autorité : c’est Malesherbes. Il écrivait à Beaumarchais, le 31 décembre 1790 :

« Je n’ai jamais pu concevoir, monsieur, pourquoi vous m’avez choisi, depuis trois ou quatre ans, pour le plastron de votre mauvaise humeur, et pourquoi vous ne cessez de m’écrire des lettres très étonnantes sur vos affaires qui ne me regardent pas et dont vous savez que je ne veux pas me mêler.

« Il est encore plus singulier qu’aujourd’hui vous veniez me demander froidement de vous recommander aux gens dont vous avez besoin.

« Est-ce que vous voulez que je vous dise en