Page:Halgan - Anthologie des poetes bretons du 17e.djvu/9

Cette page a été validée par deux contributeurs.
IX
INTRODUCTION

milieu desquels on est tout surpris de trouver une satire, vivante peinture des mœurs de son époque. L’Église réformée a aussi son poète militant, dans le pays d’Henri de Rohan et de François de la Noue ; c’est un pasteur de Blain, Philippe Le Noir, qui puise dans une touchante candeur assez de force pour mener jusqu’au bout le plus redoutable sujet, la vie et la mort de Jésus-Christ.

Si les genres majestueux, l’épopée, l’ode, l’élégie, font médiocre figure, si le drame n’a que deux échantillons, l’un (la Zoanthropie, d’Auffray) bien fruste et mal dégrossi, l’autre (la Vie de saint Armel) mutilé par les copistes, la poésie satirique nous offre, dans la Bretagne du XVIIe siècle, plus d’un représentant. Le cantique du Père de Montfort laisse place à l’observation caustique ; j’ai dit ailleurs les terreurs de l’Enfer d’Auffray, et les flèches acérées de ses quatrains. Paul Hay du Chastelet est un satirique âpre et honnête, qui annonce Boileau. Le trait moqueur s’embusque quelquefois derrière les récits de voyages et d’amour de Le Pays ; la