surde et coupable ; la nature obéit toujours à une volonté supérieure, même quand elle crée des monstres.
Comme un peintre excellant, après maint bon tableau[1],
Pour se désennuyer, tire de son pinceau,
Dedans une grotesque[2], un grand nez à pompette,
Un Satyre, un pié bot, ou chose contrefaite…
Voici énoncé — il est réfute plus loin — l’argument des fatalistes qui reproche à Dieu son indifférence pour certains êtres qu’il abandonne et un triste sort, pour les plantes, pour les arbres :
Les arbres mesmement les fortunes n’esquivent,
L’un est déraciné ou rompu d’Aquilon,
Cetuy brûlé du chaut, l’autre du froid poltron,
L’un sert à la musique, autre à faire la guerre,
Cetuy gist atterré pourfendu du tonnerre,
L’autre sert à merrein[3] ou à l’arc polonois[4],
L’autre d’appast au feu de Janvier brûle-bois.
- ↑ &zwnj ; Il y a une image analogue dans du Bartas (5me jour de la Sepmaine) :
Comme un peintre excellent, pour s’esbatre, ores tire
Un gentil Adonis, ore un bouquin Satyre,
Ore un Cyclope énorme, ore un Pygmée indois,
Et ne travaille moins son esprit et ses doigts
À quelquefois tirer une horrible Chimere,
Qu’à peindre les beautés de l’honneur de Cythere… - ↑ Grotesque, dans le sens de peinture extravagante ou ridicule, était masculin ou féminin, mais ne se disait guère qu’au pluriel. De la locution new à pompette, l’argot a retenu le dernier mot.
- ↑ Merrein ou Merrain, bois fendu en menues planches propres à différents ouvrages (Dictionnaire de Trévoux).
- ↑ &zwnj ;
Les archers polonais avaient, au XVIe siècle, hérité de l’adresse proverbiale des anciens Scythes ; Rivière dit ailleurs (livre IV du Zodiaque, page 78) :
Mais tu bouches l’oreille à ma plaintive voix,
Fuyant comme le trait son archer polonois…)