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VII
INTRODUCTION

de répondre que leurs imitations du Mantouan et de Palingene rendraient des points, en liberté, aux belles infidèles de Perrot d’Ablancourt.

Cependant la Bretagne, pour rétive qu’elle soit aux nouveautés, laisse pénétrer la réforme de Malherbe, elle accepte le joug de Boileau, elle fait sa paix avec la poésie régulière et mesurée. Le poète qui scelle cet accord est resté le plus connu de cette période : c’est René Le Pays ; il y a plus et mieux en lui qu’un Voiture de province ; le bon sens narquois, l’enjouement piquant se font jour presque à chaque page de ses trois volumes, et ont à leur service une langue pleine de souplesse et de verdeur. À côté de Le Pays, le Croisicais René Gentilhomme, sieur de Lespine, s’essaie agréablement dans la poésie de cour, et le sémillant marquis de Montplaisir nous laisse entrevoir assez de ses jolis vers pour nous faire regretter qu’il se soit jugé trop grand seigneur pour les publier lui-même. On était encore sous Louis XIII et Richelieu, quand un poème, où la louange était trop vraiment nationale pour paraître excessive, et s’exprimait dans un style ferme et