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ALEXANDRE DE RIVIÈRE

Il court deça delà, ne plus ne moins jetté
Qu’un boursouflé balon, d’un et d’autre costé,
Par les bras des joueurs, au veu de l’assistance ;
L’un le pousse du pié, l’autre du poin le lance,
Qui deça, qui delà, avec bruit et clameur.

Voici, peu après, une curieuse description de la table du riche, dont rien ne peut assouvir les appétits ; entre autres libertés que Rivière a prises avec Palingene, on remarquera que les huîtres de Cyzique ou de la Propontide sont devenues huîtres de Cancale, et que le Falerne s’est changé en Beaune et en Grave :

À la table du riche, on porte le meilleur
De la mer, et des bois le levrault viste alleur
La biche, le chevreul, le sanglier de Ménale
Gibier, la grasse grive et la perdrix Dédale,
La caille, l’alouette et les madrez oyseaux
Que la Phaze nourrit, chapons et pigeonneaux ;
L’on porte le turbot, la murène friande,
Le saumon, le mulet, la sole, la limande,
La lamproy, l’huistre aussi qui de Cancale vient,
La squille, le poisson qui d’or le nom retient,
Et autres que nombrer est chose difficile.
Pour son boire, il aura du vin la fleur subtile
D’Orléans ou de Beaune, ou plutost du Gascon
Le Grave nectareux…

Mais tous ces raffinements sont la source de maladies cruelles ; il ne sert pas non plus, pour se garantir du froid et du chaud, de se couvrir de somptueux vêtements ; le sage se met au-dessus des besoins vulgaires, et, si la fortune la délaisse, il se réfugie dans l’étude ou bien il voyage :