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ALEXANDRE DE RIVIÈRE

que le savant perverti : l’homme heureux par excellence et digne des plus grands honneurs sera bon et savant à la fois, dominant de toute sa hauteur l’ignorant effronté, qui erre, qui divague,

Ainsi comme un aveugle allant tombe, ou se choque,
Et donne dans le piège en l’obscur de la nuict.

Après avoir tracé d’une main lourde ce portrait idéal du savant, Rivière adresse une exhortation aux Muses, avec ce souhait énigmatique :

Gardez-moy des beurriers[1] et du Dieu Lemnien,


puis il annonce que le Bélier porte-corne va faire place au second signe du Zodiaque, le Taureau.

Celui-ci débute avec entrain ; le poète s’excite l’ouvrage, le moment est propice :

L’hyver s’est retiré, et les neigeux amas
Du faiste des hauts monts fondus coulent à bas,
La terre met dehors ses plus belles peintures…
Philomèle se plaint par les bocages verts ;
Les Napées, au son de ses gracieux vers,
Leurs blonds cheveux ornez de guirlandes fleuries,
Dansent à petits bonds par les vertes prairies…
Les Dryades des bois et Satyres paillards
Dans les autres moussus entonnent chants gaillards…

L’homme est le roi de cette nature animée, il dompte les tigres viste-piedsalipedes, avait dit

  1. Je risque une conjecture : ce souhait littéraire m’a l’air de compléter le précédent ; faites, ô Muse, dit Rivière, que mon livre ne serve pas à
    envelopper le poivre, et il ajoute : gardez-moi des beurriers, des marchands de beurre, à qui il faut de méchant papier pour envelopper leur marchandise.