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VI
INTRODUCTION

Ce qui frappe tout d’abord, quand on étudie la poésie bretonne du XVIIe siècle, c’est le prolongement de l’école du XVIe, et ce qu’on pourrait appeler la fidélité à Ronsard. La Bretagne, affirmant une fois de plus sa ténacité proverbiale, donne un dernier asile à la Pléiade proscrite, battue en brèche de tous côtés, et, jusqu’en 1625, en plein triomphe et trois ans avant la mort de Malherbe, le ronsardisme y fleurit à l’aise. François Auffray tente maladroitement de transporter dans le drame les complications mythologiques, la métaphysique abstraite de la Franciade, mais il épure sa forme et trouve sa vraie voie dans ses Hymnes et Cantiques, éloquents à la façon des Discours sur les misères de ce temps. Nicolas Dadier jonche de fleurs parfumées, prises au bouquet de Remi Belleau, le sanctuaire de sa Parthenice Mariane ; le dernier des élèves de Ronsard, ce Du Bartas à qui il ne manqua que le goût et la mesure pour devenir un Lucrèce chrétien, trouve un fervent adepte dans Alexandre de Rivière. Que si l’on objecte que Dadier et Rivière sont de simples traducteurs, il est aisé