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POETÆ MINORES ARMORICI

est une épître d’un certain Y. Fyot, adressée à Charles d’Argentré, fils de l’illustre Bertrand, et imprimée dans la 4e édition de la Coutume de ce dernier (Paris, N. Buon, 1628) ; il y a pourtant, dans cette épître, un portrait très soigné, et assez réussi, du grand magistrat :

Quand, plus doux que nectar, de sa plume couloient
Les célestes devis de sa muse privée,
Ou quand en plain palais, sur la chaire élevée,
(Vive image d’Astrée à l’œil étincelant),
Vénérable, il rendoit son oracle parlant,
De la droite raison inspirant dans les âmes
Le gracieux attrait et les ardentes flammes
De sa vertu plus belle en si rare sçavoir ;
D’Hélicon les lauriers premier il te fit voir,
Ma Bretagne, et portant en sa main, tousiours vives,
De justice et de paix les fécondes olives,
La créance il acquit des peuples et des rois.

C’est dommage qu’il y ait tant d’épithètes et un tour si embarrassé dans ce morceau ; l’image de d’Argentré, de cet émule des de Harlay et des de Thou, est tracée avec l’éloquence qui vient du cœur.

Nous terminerons l’examen de ces poésies par la meilleure d’entre elles ; c’est un véritable poème, de trois cents vers environ, qui sert de frontispice à l’Histoire généalogique de plusieurs maisons illustres de Bretagne, du Père Dupaz (1620), et qui est intitulé : À la gloire immortelle des Bretons ; il a pour auteur un sieur Jouchault, d’ailleurs inconnu ; il ne manque pas de couleur ni de relief, et il surabonde de patrio-