le pourrois en deux traits tirer
Le pourtrait de la corderie,
Sans qu’elle sert en penderie :
Outre que cordiers sont caquins[1],
Et les caquins sont des coquins.
Or je serois plus fou qu’un ivre
De mettre coquins dans mon livre.
Citons encore la naïve description d’un pardon de Basse-Bretagne. Le P. Alexandre était alors au manoir de Kerfors, en la paroisse d’Ergué-Gaberic, à une ou deux lieues de Quimper, chez un gentilhomme appelé M. de la Marche. Le pardon avait lieu en cette même paroisse, à la chapelle de Notre-Dame de Kerdevot. Le bon père avant de quitter Kerfors dit sa messe, puis il s’écrie :
Mais marchons vers cette chapelle.
La Marche, prends ton alemelle[2]
Et moy je prendray mon baston.
N’oubly de porter un teston,
Car en une telle assemblée
Faut boire quelque coup d’emblée.
Allons d’abord nous prosterner
Devant la Vierge et luy donner
Nostre cœur, la priant sans cesse
Qu’elle auprès de Dieu s’intéresse
Pour nous obtenir le pardon :
De tout c’est là le meilleur don !
Un prestre la messe commence,
Nous grossissons son assistance.
La messe dite, nous sortons ;
De ce lien nous nous transportons
Pour voir le grand amas de monde
Qui partout en ce jour abonde.
Un nombre de processions
Font icy leurs incessions[3] ;
Je me souviens de trois ou quatre,
Que je nommeray pour m’ébattre :
Elliant et Landrevarzec,
Les deux Ergué ; surtout Briec,
Qui vient enseignes déployées,
Tambour battant, cinq croix levées,
Est celle qui paroît le plus.
Bref, ce n’est qu’un flux et reflux
De processions qui arrivent,
De processions qui dérivent[4].
Il est temps que nous allions voir
S’il ne pourroit point y avoir
Quelque morceau de boucherie
Dans une pauvre hôtellerie,
Et goûter si le vin est bon.
Cinq ou six, de la connaissance
De la Marche, font révérence