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COMTESSE DU MURAT

Je détache de ses annales poétiques trois petites pièces encore :

La Discrétion

Si quelqu’un, bien traité des belles,
Fait, des faveurs qu’il obtient d’elles,
Un trophée à sa vanité,
Qu’il soit partout si mal traité,
Qu’il ne trouve que des cruelles.
Aimer à publier les grâces qu’on reçoit
Marque, ordinairement, qu’on les sent comme on doit.
En amour, c’est une autre affaire,
C’est les bien ressentir que de les bien céler,
Et, si l’ingratitude est ailleurs à se taire,
En amour, elle est à parler !

L’Épître à Lisette

Muse de tous nos jeux, objet de nos hommages,
Songez que le dépit se mêle à nos suffrages,
Lorsque vous empruntez des travestissements
Trop peu dignes de vous, malgré leurs agréments ;
D’un naturel heureux l’ascendant est extrême.
Pour nous plaire toujours, soyez toujours vous-même ;
Sous des myrthes fleuris, dans des palais charmants,
Devenez-vous princesse ou compagne de Flore,
Vous causez dans les cœurs de doux ravissements,
Un murmure s’élève, éclate, augmente encore ;
Vous entendez partout des applaudissements.
Quel triomphe flatteur ! C’est un peuple d’amants
Qui couronne ce qu’il adore !
Hé bien ! croyez-les donc, ces cœurs que vous troublez.
Sous les vains ornements que votre art nous présente,
Vous n’êtes jamais plus charmante,
Que lorsque vous vous ressemblez !