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RONDEAUX

D’attachement à la vie il n’eut guère,
Avec plaisir souffrant le dur destin
De tous les rois.

On voit que notre auteur manie assez dextrement l’ironie, et ce n’est pas là un exemple isolé ; j’aurais pu citer le finale du rondeau sur Clovis III, prince qui apprenoit le latin :

Ce latin-là cent fois m’a pensé faire
Mourir tout jeune ;

et ce trait contre les médecins, à propos de Charles le Chauve :

Son médecin, corrompu par finance,
L’empoisonnant, le ravit à la France…
Nos médecins sont plus habiles gens ;
Sans nuls boucons[1] ils abrégent nos ans,
Asses souvent d’une simple ordonnance.

La lecture des Rondeaux m’a aussi révélé, chez le poète, une certaine indépendance d’esprit, une certaine liberté de critique ; tout bon catholique qu’il est, il blâme le massacre de la Saint-Barthélemy :

Des huguenots la funeste insolence,
Sous Charles neuf, fut grande en notre France ;
Pour extirper ce fatal ennemy,
La nuit d’avant la Saint-Barthélemy,
On en tua partout, à toute outrance.

  1. Boucon, morceau, ou breuvage empoisonné (Dictionnaire de Trévoux.)