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L’ABBÉ DE FRANCHEVILLE

était du Han, et le connaissait de longue date. Mais elle n’était pas aussi jeune que veut bien le dire l’aimable marquise, car elle avait épousé son premier mari, le 9 juin 1661 : nous devons donc lui supposer, au moment de son second mariage, en 1687, environ 45 ans ; ce qui n’établit pas trop de disproportion entre les deux époux.

Mais continuons à dépouiller la chronique de Mme de Sévigné. Deux mois après la lettre précédente, elle écrivait encore à Mme de Grignan :

« Aux Rochers, dimanche 13 novembre 1689… J’ai reçu une grande lettre de mon nouvel ami Guébriac loup-garou ; je vous l’aurois envoyée, parce que son style, qui est naturel, seroit assez aimable, sans qu’il me loue trop : de bonne foi, ma modestie n’a pu s’en accommoder ; il est si étonné d’avoir trouvé une femme qui a quelques qualités, quelques principes, et qui a eu dans sa jeunesse quelques agrémens, qu’il semble qu’il ait passé une vie toujours agitée de passions dans un coupe-gorge où il n’y avoit ni foi ni loi, et où l’amour régnoit seul, dénué de toutes sortes de vertus : cela nous fait dire des choses plaisantes. Il me prie de lui donner ma protection auprès de vous, pour vous supplier, en M. Descartes, de vouloir véritablement l’instruire en cette Cour d’amour dont il a entendu parler et qu’il a prise pour une fable[1] ! Il est homme de cabinet et curieux : il veut savoir cette vérité de la gouvernante de Provence, et, si l’on venoit se plaindre à cette cour, si l’on rendoit des sentences, si c’étaient les femmes qui jugeoient ; vous avez de beaux esprits à Arles, et un M. le Prieur de Saint-Jean à Aix, n’est-ce pas ? qui vous dira la vérité de ce fait.

  1. Ceci nous reporte au XIe siècle, au temps des trouvères.