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L’ABBÉ DE FRANCHEVILLE

C’est dommage qu’il estoit beste,
Car il estoit coquet et beau.
Chiens passans, pour luy faire feste,
Vous qui ne pleurez point, pissez sur son tombeau !

Inutile d’insister, n’est-ce pas ? Il y aurait cependant là matière à disserter sur la qualité du goût littéraire au grand siècle : car enfin de telles pièces ne sont pas rares dans ces Recueils choisis, où le caprice de l’auteur ne règne pas en seul maître, où l’éditeur trie et sépare ce qu’il sait devoir compromettre le succès de sa publication ; or celle-ci n’est point la plus pimentée. Personne ne s’en choquait alors. Ces sortes de plaisanteries étaient acceptées par tout le monde : on riait, on était désarmé ; devant le bel esprit de cette époque, une gauloiserie bien amenée ne fut jamais un cas pendable, et l’abbé de Francheville avait trouvé le sel gaulois dans l’héritage de l’une de ses aïeules.

On ne s’étonnera point, après tout cela, de voir figurer dans la Pompe funèbre de Scarron, à la suite du convoi funèbre, « les galants abbés du Buisson, Baraly, d’Ingitmon et Francheville. » Que devint ensuite notre poète ?… Il nous serait bien difficile de le dire, au moins pour une période d’une vingtaine d’années. Tout ce que nous savons, c’est qu’il la passa tantôt dans la capitale, tantôt à Rennes ou dans les environs. Une heureuse fortune, telle qu’il n’en arrive pas toujours aux chercheurs, me permet cependant de le suivre à la trace, jusqu’en 1669, dans la correspondance de Chapelain dont M. Tamizey de Larroque va bientôt publier le second volume. Cet obligeant