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JEAN DE MONTIGNY

rart, conservés à la Bibliothèque de l’Arsenal, un sonnet adressé au duc de Montausier, en 1668, quand celui-ci fut nommé gouverneur du Dauphiné. Je reproduis ce sonnet, dont l’accent est élevé et l’inspiration sincère :

Ta solide vertu fait pencher la balance.
L’enfant né pour régner est soumis à tes loix.
Plus ton roi consulta, plus on prise son choix ;
Il prouve ton mérite, et montre sa prudence.

Que sont les dignitez, quand le sort les dispense,
Qu’une charge aux sujets et qu’un reproche aux rois ?
Les vertus sous Louis décident des emplois,
Sa raison examine, et sa main récompense.

Ton esprit formera, par ses labeurs divers,
Un successeur au prince, un maître à l’univers,
À ses peuples clément, à luy-même sévère.

Travaille sur le plan que Julie[1] a tracé
Elle instruisit le fils sur Yexemple du père,
C’est à toi d’achever ce qu’elle a commencé.

Quand, après avoir lu ce beau sonnet, on veut apprécier d’ensemble le noble écrivain qui l’a composé, on est tenté de lui appliquer ce que Montaigne a dit d’Étienne de la Boétie : « C’estoit vrayment une âme pleine et qui montroit un beau visage à tous sens, une âme à la vieille marque, et qui eust produit de grands effects, si la fortune l’eust voulu. »

Olivier de Gourcuff
  1. Mlle de Rambouillet, duchesse de Montausier, gouvernante des Enfants de France.