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JEAN DE MONTIGNY

Séjour des Ennuis, de René de Bruc, et le Palais des Plaisirs, de Montigny, le second de ces poèmes passe pour une réplique au premier. C’est une allégorie, composée en 1667, à la suite de la campagne de Louis XIV en Flandre, et qui échappe heureusement à la froideur, écueil presque inséparable du genre. Le roi s’est endormi dans son palais : comme à Hercule, placé entre le Vice et la Vertu, un songe lui offre les images de la Gloire et du Plaisir, l’invitant, l’une à de nouveaux exploits, l’autre à goûter les charmes du repos. En s’éveillant, Louis rend une sentence digne de Salomon : tenant la balance égale entre ses deux conseillers, il décide qu’il donnera désormais

Le printems à la Gloire et l’hiver aux Plaisirs.

Ce petit poème abonde en vers heureusement venus, amples et majestueux, et qu’on dirait coulés d’un seul jet. En voici quelques exemples :

Ils (les songes) remplissoient la nuit des merveilles du jour…
La Gloire aux ailes d’or veilloit seule en l’armée…
C’est la vertu des rois d’être avares du tems…
Le Plaisir nonchalant, étendu sur des roses…

Voici une pensée un peu banale, que Montigny a comme rajeunie par la vigueur de l’expression :

C’est la valeur suprême,
Quand on a tout vaincu, de se vaincre soi-même.
Plus le combat est grand, plus le triomphe est doux.