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RENÉ DE BRUC DE MONTPLAISIR

Que ces divers objets qui s’offrent à ma vue,
Ces vaisseaux étrangers, ces barques des passants,
Que j’aperçois du haut de cette roche nue,
Remplissent mon esprit de plaisirs innocents !
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(Mais l’âge est venu, Sylvie est ingrate.)
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Si bien que, dans l’ennui qui sans cesse me ronge,
Je goûte des plaisirs en furieux, qui songe,
Et trouve à son réveil qu’il est près de mourir.

Nous ne sommes plus au temps où de Bruc, dans une, ballade lestement troussée, félicitait le duc de Saint-Aignan de s’être débarrassé de trois voleurs, avec un seul pistolet qui tirait trois coups (les revolvers sont plus anciens qu’on ne croit), ni aux jours où le poète, dans ses fines stances à Mlle de Lenclos, prouvait que

L’Amour peut entrer par l’oreille,
Comme il se glisse par les yeux.

L’âge est venu ; l’heure des graves pensers a sonné. Les poésies religieuses ont succédé aux vers libres. Un mémoire manuscrit de l’abbé de Loménie de Brienne accuse le style de Montplaisir de diffusion. J’avoue que ses odes de la fin n’ont pas la tournure claire et native de ses jeunes élégances. Mais une dernière citation me donnera le droit d’en appeler justement de l’arrêt de l’abbé de Brienne.

Sonnet du Converti

N’agités plus mon cœur, désirs impétueux,
Qui règnés sur une âme au vice abandonnée.