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RENÉ DE BRUC DE MONTPLAISIR

Par tes exploits, on peut connaître ta vaillance ;
Par tes aïeux, on doit connoître ta naissance ;
Mais de ton grand esprit connoître l’excellence,
Brave de Montplaisir, crois-moi, certainement,
C’est l’ouvrage d’un siècle et non pas d’un moment.

Ménage, écrivant à Chapelain, vante les élégies de Montplaisir :

Mêlons les tons brillants de ta haute trompète
Avec les doux accords de mon humble musète,
Avec les tons plaintifs du fameux Montplaisir,
D’Apollon et de Mars la gloire et le désir.

Les vers de Montplaisir valent mieux que ceux de ces élogieux critiques. Toutefois ce n’est point dans l’élégie qu’il triomphe tout d’abord, mais bien plutôt dans le genre badin. Il ne fit guère d’élégies, sinon quand il mit la main à celles de Mme de la Suze, alors qu’il la conduisait dans les sentiers du Permesse, comme il le disait lui-même. La ressemblance des styles porte à croire que Montplaisir guidait souvent la main et la plume de son élève. Mais, quand il est lui-même, le genre cavalier domine. Est-ce à elle-qu’il s’adresse dans cette déclaration d’amour ?

Aimable et divine personne,
Dont un Dieu seroit enchanté,
Vous porteriés une couronne,
Si l’on couronoit la Beauté.

Quoique d’amour je sois malade,
Qu’une autre règne dans mon cœur,
Vous pouvés, d’une seule œillade,
Me rendre votre adorateur.

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