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JEAN BARRIN DE LA GALISSONNIÈRE

se faisait gronder doucement par un auditoire peu scrupuleux, est né à Dinan, en pleines Côtes-du-Nord. Et quant au clergé, à qui l’on imposait parfois des choix malheureux, il n’a point à souffrir des escapades littéraires qu’un Béroalde de Verville, un abbé Prévost, se permirent sous la soutane ou le petit collet.

On sait peu de chose de la vie de Barrin, et c’est dommage : on aimerait à suivre les faits et gestes de ce personnage que l’on devine si singulier, ses erreurs, ses velléités de repentir, ses rechutes, et l’expiation finale qui se traduit par une mystique Vie de Françoise d’Amboise. Quoique sa famille fût originaire de la commune de Monnières (Loire-inférieure), Jean Barrin naquit à Rennes, en 1640. Destiné à l’état ecclésiastique, il eût volontiers pris ses grades à l’abbaye de Thélème. Il semble bien n’avoir mis que trop sa vie en harmonie avec ses écrits : c’est ce qui l’empêcha, sans doute, de parvenir aux dignités de l’Église, que la haute situation de son père, doyen au Parlement de Bretagne, lui rendait aisément accessibles. Sur la foi d’un ancien critique, la Biographie bretonne de Levot insinue que la traduction d’Ovide, le principal titre littéraire de Jean Barrin, pourrait bien être l’œuvre d’un gouverneur, zélé pour son élève, et prétendant l’aider ainsi à faire son chemin dans le monde. Outre qu’il faudrait supposer à ce gouverneur une conscience bien élastique, et des idées tout au moins étranges sur la direction de la jeunesse, l’accent de sincérité qui perce dans la préface de la traduction dément cette supposition. Jean Bar-