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DU BOIS-HUS

fadeurs ; les Bretons — qui songe à s’en plaindre ? — ont toujours été de médiocres courtisans.

Je serai sobre d’extraits du troisième et dernier poème de Du Bois-Hus, qui a pour titre : Le Miroir du Destin. Après avoir épuisé toutes les formes de l’éloge, l’auteur n’a plus qu’à lire l’avenir, il tire l’horoscope du dauphin. Il bâtit tout un château… en Espagne sur les instincts belliqueux qu’il prête au petit prince, sur les hasards d’une ressemblance, sur une rencontre fortuite d’événements ; il lui prédit notamment l’empire de la mer, parce que sa naissance a coïncide avec la destruction d’une flotte ennemie. Comme le dormeur des Mille et une Nuits, notre poète semble souvent rêver tout éveillé ; et il a fait lui-même le procès aux écarts de son imagination, en se moquant de ces astrologues « qui prennent sur un berceau de deux pieds, comme sur un plan asseuré, toutes les mesures de la gloire d’un monarque. »

Le Miroir du Destin est écrit en strophes de dix vers, un vers de huit syllabes venant rompre la monotonie de quatre alexandrins consécutifs ; Du Bois-Hus, qui a choisi ce mètre nouveau, comme plus pompeux sans doute et plus majestueux, n’a pas pris garde qu’il est assez lourd à manier, et que, pour forte qu’elle soit, l’expression a souvent peine à le soutenir. Les maîtres du rythme, de Ronsard à Malherbe, de J.-B. Rousseau à Hugo, ont évité l’emploi de cette strophe pesante, qui, loin de donner du relief à la pensée, l’emprisonne et l’étouffe. — De la