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DU BOIS-HUS

Des campagnes fleuries,
Et faictes de vos fleurs un lict ; à ce beau corps.

Belle hostesse de Saint-Germain,
Flore, apportez à pleine main
La moisson de ces belles choses ;
Despouillez les valons, n’espargnez point les lys,
N’espargnez ; point les roses.

Bois de Meudon et de Limours.
Douces retraites des Amours,
Chargez de présents vos Dryades,
Et vous, charmant Ruel, sejour d’un demy dieu,
Envoyez vos nayades
Porter des fruits meuris aux yeux de Richelieu.

La brusque apparition du fort peu idyllique Richelieu met en fuite les naïades, et me gâte ce frais et champêtre tableau, paysage parisien que dore un soleil d’automne et qu’encadre la Seine, assez ingénieusement nommée « une liquide couleuvre. » Bienheureuse la Seine, où l’on a puisé l’eau du baptême royal, heureuse à rendre jaloux la Loire, le Rhône et la Garonne. Nouveau Du Bellay, notre poète saisit l’occasion d’appeler « mon Loire, » le premier de ces fleuves ; la strophe suivante, toute redondante d’emphase castillane, à l’air d’un regard jeté vers le sol natal, et pourrait bien indiquer que Du Bois-Hus était sinon Nantais, au moins originaire de cette partie restreinte de la Bretagne que baigne la Loire :

Si mon Loire estoit destiné
Pour un employ si fortuné,