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DU BOIS-HUS

S’il falloit parler de Chloris,
Louer son œillade ou son ris,
Faire un sonnet de confidence,
Méditer un adieu, rimer pour un balet,
Pleurer pour une absence,
Discourir sur des yeux, ou peindre un bracelet ;

S’il falloit nouer des cheveux,
Faire une ode, adresser des vœux
Louer un teint d’un vers fantasque,
Resver sur le tourment d’un amoureux transy,
Composer pour un masque,
Présenter une rose, un œillet, un soucy ;

Ou bien sur l’aisle des zéphirs
Envoyer de secrets soupirs
A quelque beauté périssable,
L’entretenir souvent de regrets bien rimez,
L’appeler adorable,
Faire voir sous son nom des ennuys imprimez ;

 . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
Vous verriez ces esprits, ravis de ces projets,
D’une veine idolâtre
Chérir la vanité de ces foibles sujets ;

On verroit tous les cabinets
Tapissez d’amoureux sonnets,
D’épigrammes et d’élégies,
Les theatres hantez rendroient les yeux contens,
Et leurs douces magies
Fourniroient tous les jours de nouveaux passe-temps ;

Ces ruisseaux maintenant taris
Rempliroient alors tout Paris
De l’eau de leur divine source ;
Mille jeunes esprits, mille canaux divers,

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