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DU BOIS-HUS

Messager des plus beaux oracles,
Peux-tu souffrir icy que tes vieux ennemis
Facent seuls des miracles,
Et remportent l’honneur qu’on ne doit qu’aux amis ?

Je retiens de ces vers l’ingénieux éloge du doux idiome natal, et de cet art indéfinissable et tout français de dire des riens et d’en faire quelque chose, que notre langue — toujours un peu cette gueuse qui fait la fière dont parle Voltaire — n’avait besoin d’emprunter ni à celle où résonne le si, ni à celle que l’abbé Raynal qualifiait « brillante comme l’or et sonore comme l’argent. » Il me faut continuer à suivre Du Bois-Hus en sa vive allure ; à présent, se faisant l’écho des rancunes bretonnes contre le Midi, et appliquant à la littérature ce qu’un de nos romanciers contemporains retrouve plutôt dans l’ordre politique et social, il déplore que les Latins inondent Paris de leurs écrits, et

Semblent encor vouloir triompher des Gaulois ;

il adjure les poètes, ses compatriotes, de se piquer d’honneur dans un sujet qui intéresse au plus haut point l’amour-propre national. Ne laissez pas — leur crie-t-il — un si rare et fécond sujet inspirer des Latins, « enfler des veines espagnoles ; » et hardiment, avec un bonheur d’expression que soutient une conviction sincère, il dit ce qu’il a sur le cœur à ces Français, hommes de génie ou de talent, qui enjolivent des phrases et riment des bouquets à Chloris, au lieu de s’abandonner au saint enthousiasme de la poésie héroïque et nationale :