dauphin avait déjà deux ans et demi, quand le libraire Jean Pasle mit en vente le pompeux récit de sa naissance. Le petit volume, de format in-18, était décoré d’un frontispice, gravé par Masne, dont il n’est pas inutile de donner la description : deux femmes, l’une couronnée et portant un riche manteau semé de dauphins, l’autre vêtue d’une robe couverte d’étoiles, étendent le bras vers un écusson aux armes de Richelieu ; dans la partie inférieure, deux enfants ailés soutiennent un glaive posé sur la banderole où est inscrit le titre. Voici ce titre, tel qu’il se lit, plus au long, à la page suivante : La Nuict des nuicts, Le jour des jours, Le Miroir du Destin, ou la Nativité du Daufin du Ciel, la Naissance du Daufin de la Terre, et le Tableau de ses avantures fortunées. Il y a là trois parties bien distinctes, trois poèmes ; mais, ce qui les domine est ce qui surmonte le frontispice, l’apothéose de Richelieu. C’est dans le privilège, daté du 24 août 1640, que nous apprenons le nom de l’auteur ; il nous dira plus tard sa nationalité.
Le discours panégyrique à Richelieu, qui emplit le tiers environ du volume, n’en est pas l’endroit le moins intéressant. On peut trouver que Du Bois-I-lus a épuisé, jusqu’à la satiété, toutes les formules de la flatterie ; mais il ne faut pas oublier qu’il était, comme nous le verrons, attaché à la personne du grand ministre ; la louange est souvent ingénieuse et porte juste, d’ailleurs ; elle va jusqu’à la subtilité dans le catalogue de vertus et d’exploits qu’on pourrait appeler les litanies du sage ; mais elle ne sort