Page:Halgan - Anthologie des poetes bretons du 17e.djvu/143

Cette page a été validée par deux contributeurs.
127
RENÉ DE CERIZIERS

des vains avantages du monde, m’a paru assez propre à mettre en lumière l’honnête talent de Ceriziers :

Phantosmes de plaisirs, chimères de nos songes,
Fausses ombres du bien, véritables mensonges,
Mesnagez vos attraits,
Vous m’offrez sans succez la douceur de ces charmes,
Qui font rendre les armes
À qui veut recevoir, sans regarder, vos traits.

Quel bien possédez-vous, pour posséder une âme
Qui cherche d’autres biens que le vain ou l’infâme ?
Produisez vos raisons.
Quelle amorce avez-vous, que voit-on dans le monde
Que l’ordinaire ronde
Du jour et de la nuit, des mois et des saisons ?

Ces monstres de grandeur, cette apparente gloire
Qui nous promet un rang dans la plus vieille histoire,
N’est-ce pas un écueil ?
Soit qu’on couvre nos os ou d’or ou de poussière,
Toute nostre lumière
S’esteint ou ne luit plus dans l’ombre du cercueil.

Qui connoist maintenant ces redoutables princes,
Qui portoient autrefois le bout de leurs provinces
Au bout de l’univers ?
Trois ou quatre morceaux de marbre ou de porphire
Leur donnent un empire
Où leurs membres pourris règnent parmy les vers.

Ce brillant séducteur dont la puissante amorce
Ne trouve point de cœur qu’il n’attire ou ne force,
A-t-il quelque pouvoir
Qui nous soit caution et nous donne assurance
De la belle espérance
Que son esclat trompeur nous a fait concevoir ?