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RENÉ DE CERIZIERS

« cet yvoire qui jaunist dans leur bouche, » elles ne sont plus qu’un reste de femme, « un peu de phlegme caché sous une peau délicate. » Ailleurs, Ceriziers a la touche moins âpre, ingénieuse, quand il compare la vie humaine à une musique « où il faut des feintes, des soupirs, des tremblements et des dièzes ; » poétiquement pittoresque, quand il parle de la protection accordée par la Providence aux infiniment petits :

Qui peut ignorer que l’austruche
N’a point de cœur pour ses petits,
Qu’elle abandonne aux appétits
Du dragon, qui leur fait embusche ;
Mais qui ne sçait que leur berceau
Demeure sûr au bord de l’eau,
Tandis que sa bonté les veille,
Et que ce nid n’est pas esclos,
Qu’il vit, qu’il dort et qu’il sommeille,
Dieu se chargeant du soin d’asseurer son repos.

La bonté de Dieu s’étend encore à d’autres volatiles.

Aux petits des corbeaux il donne leur pâture.

Mais laissons là ce badinage un peu puéril, cette histoire naturelle sentimentale. Ceriziers élève le ton quand il décrit les joies qui attendent dans l’autre monde ceux qui ont souffert pour la foi. Tout plaît et rit en ce bienheureux séjour :

Un printemps éternel y fait vivre les roses,
Les lys et les œillets n’y sont pas d’un matin,