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RENÉ DE CERIZIERS

ont été jugés les plus capables de souffrir et doivent bénir la main qui les frappe. Voyons quel parti poétique Cériziers a tiré de ce sujet peu nouveau, qui est, au fond, une répétition de l’Évangile et de l’Imitation, et, dans la forme, une imitation, jusques et y compris le dialogue et le mélange de prose et de vers, du livre de Boëce.

Un des arguments mis en avant par les adversaires de la Providence, c’est l’impunité accordée aux méchants ; est-ce donc que, dès cette vie, ils ne sont pas châtiés ?

Cachez vous au centre du monde,
Couvrez vous des plus noires nuicts,
En vain vostre attente se fonde
Dans l’esloignement des ennuis ;
Tous vos plaisirs ne sont que verre,
Vostre fortune est un roseau ;
Pendant que vous jouez sur terre,
L’amour vous met au lict et la mort au tombeau.
Parfois, il semble que le vice
S’asseure de l’impunité,
Et que le Ciel se rend complice
Des excès de l’iniquité ;
Mais, qui ne sçait que pour résoudre
Le coup d’un arrest odieux,
La Justice suspend sa foudre,
Et, pour mieux l’asséner, qu’elle cligne les yeux ?

Ce dernier trait est d’une trivialité assez puissante : il est digne de l’écrivain qui cingle d’un rude fouet les coquettes, disant que, quand on leur ôte les patins, l’or et la soie qui les parent, quand on leur arrache