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RENÉ DE CERIZIERS

traduction, qu’il composa la Consolation de la Théologie. Il met en scène une des plus illustres victimes de l’injustice des hommes, le pape Célestin V, dont il décrit assez agréablement la retraite :

Auprès de ce lieu solitaire,
Serpentent deux petits ruisseaux
Qui du bransle de leurs roseaux
Disent aux corbeaux de se taire ;
Et puis, coulant dans le vaisseau
D’un marest qui reçoit leur eau,
Ils flanquent, en faveur des cygnes,
Le petit fort d’une maison
Où les glayeux plantez à ligne
Cachent la mousse et le gazon.

C’est dans cette solitude — pas trop mélancolique, comme on le voit — que la Théologie apparaît à Célestin sous les traits d’une belle dame ; il reconnaît bien vite « qu’elle n’estoit pas une de ces funestes et criminelles beautez qui ne nous découvrent leur esclat que pour nous allumer de leurs flammes. » Un entretien s’engage aussitôt entre les deux personnages ; la Théologie, après avoir chassé d’auprès du pape disgracié Épictète et Sénèque, qu’elle reconnaît « au manteau grec et à la robe romaine, » entreprend de lui persuader que c’est au pied de la croix seulement qu’il trouvera un remède à ses douleurs, que les plaintes des hommes sont injustes, que l’adversité est utile, bienfaisante, en ce qu’elle rapproche l’homme de Dieu ; enfin, que les plus malheureux