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XI
À M. Louvigny de Montigny

faire, sans effleurer à chaque instant des questions sur lesquelles la France et la Canada ne sont pas d’accord ? Si la matière croissait en intérêt, s’il était question de plus de vivants que de morts, le rôle que je m’étais assigné devenait singulièrement périlleux, et réclamait une réserve, une prudence dans l’appréciation personnelle, dont j’ai tâché de ne pas me départir. Au point de vue des idées, ce qui importe, ce n’est pas de savoir jusqu’à quel point l’historiographe les partage, mais s’il les a comprises et s’il les rapporte fidèlement. C’est pourquoi j’ai résumé avec la même méthode et la même impartialité, les deux phases opposées de l’existence d’Arthur Buies, et je n’ai pas hésité à commenter par M. Chapais le terrible auteur de la Lanterne. Je crois m’être dégagé, dans cette étude impartiale, de toute passion autre que celle de la vérité historique. J’ai mené à son terme une large enquête à travers la littérature canadienne, et dans la pensée écrite des meilleurs d’entre vous, j’ai cherché ce que d’autres ont demandé de préférence à l’information directe et à l’interview. J’ai tâché de refléter dans mon livre les principaux aspects de votre esprit au début du XXe siècle. Vous me rendrez seulement cette justice, mon cher ami, vous et tous ceux qui me lirez de bonne foi, que j’ai toujours essayé de comprendre, ce qui est la vraie façon d’aimer, que je me suis montré respectueux de tout ce que respecte l’âme canadienne, et que je me suis impersonnalisé, si vous me permettez ce néologisme, autant que mon éducation