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III
À M. Louvigny de Montigny

votre Ministère de l’Agriculture nous offrait si libéralement.

Ce fut une séance mémorable.

Je nous vois encore lisant, ou plutôt traduisant cette brochure bilingue, dont le texte canadien est à peu près incompréhensible pour un Français. Heureusement, le texte anglais nous permettait parfois de nous tirer d’affaire, mais les dispositions qu’il nous semblait y trouver nous paraissaient si étranges que nous préférions nous en prendre à notre incomplète connaissance de la langue officielle. Et pourtant, nous avions raison, tristement raison. L’étude du Copyright Act nous laissa dans la situation pénible de malfaiteurs involontaires, qui se sont exposés malgré eux à la juste vindicte des lois. Nous avions fait imprimer sur les couvertures la célèbre mention : Enregistré au Ministère de l’Agriculture, à Ottawa, conformément à l’acte du Parlement canadien. Et voilà que nous apprenions cette terrible nouvelle : un livre étranger ne peut revendiquer la protection de la loi canadienne que s’il est réimprimé au Canada dans le mois qui suit sa publication. Faute de se conformer à cette étrange formalité, les auteurs qui ont fait usage de la sacro-sainte mention protectrice sont passibles d’une amende de 300 dollars, dont moitié revient à leur dénonciateur.

Voyez par exemple combien cette protection doit être efficace pour un ouvrage comme la Grande Encyclopédie !

La situation était vraiment pleine de charme. Au