Page:Halévy - Ba-ta-clan, 1855.djvu/9

Cette page a été validée par deux contributeurs.


ENSEMBLE.
Entre nous plus de secrets,

Je suis ! il est ! nous sommes tous Français !

FÈ-NI-HAN.
Je demande une chaise !
FÉ-AN-NICH-TON et KÉ-KI-KA-KO, avec sentiment.
Il demande une chaise !
FÈ-NI-HAN.
De bonheur, je me sens mourir,

Et je pourrais m’évanouir !
Je suis mal à mon aise !

REPRISE DE L’ENSEMBLE.
FÉ-AN-NICH-TON.
Il est Français !
KÉ-KI-KA-KO.
Il est Français !
FÈ-NI-HAN.
Nous sommes tous Français !
KÉ-KI-KA-KO.

Ainsi donc, seigneur Fè-ni-han…

FÈ-NI-HAN.

Ne m’appelez plus de ce nom détesté !

FÉ-AN-NICH-TON.

Et quel titre vous donner ?

FÈ-NI-HAN.

Aucun ! aucun ! Appelez-moi môssieu ! appelez-moi butor ! appelez-moi âne si vous voulez ! mais ne m’appelez plus Fè-ni-han.

FÉ-AN-NICH-TON.

Vous êtes pourtant ce grand prince qui…

FÈ-NI-HAN.

Non, cent fois non !

FÉ-AN-NICH-TON.

Vous êtes pourtant ce grand prince que…

FÈ-NI-HAN.

Non ! mille fois non ! Ma foi, tant pis, j’éclate ! Non ! je ne suis pas ce grand prince qui, ni même ce grand prince que ! Je suis Anastase Nourrisson, et voilà tout ! Oui, mes amis ! oui, cher Ké-ki-ka-ko…

KÉ-KI-KA-KO, l’interrompant.

Cérisy !

FÈ-NI-HAN.

Cérisy !

KÉ-KI-KA-KO.

De Cérisy !

FÈ-NI-HAN.

De Cérisy !

KÉ-KI-KA-KO.

Alfred de Cérisy !

FÈ-NI-HAN.

Alfred de Cérisy !

KÉ-KI-KA-KO.

Le vicomte Alfred de Cérisy !

FÈ-NI-HAN.

Le vicomte Alfred de Cerisier, si cela peut vous être agréable

KÉ-KI-KA-KO, impatienté.

Cérisy !

FÈ-NI-HAN.

Ah ! Cérisy ! Je me trompais de branche, voilà tout. Oui, cher vicomte Alfred de Cérisy ; oui, chère Fé-an-nich-ton…

FÉ-AN-NICH-TON, l’interrompant.

Virginie Durand !

FÈ-NI-HAN.

Oh ! Virginie ! un petit nom français ; je l’aime mieux ! Virginie ! Quelle ivresse ! (la serrant dans ses bras.) Embrassons-nous, Folle-ville !

KÉ-KI-KA-KO.

Eh bien ! Monsieur Nourrisson, du calme.

FÈ-NI-HAN.

Oui, cher de Cerisier !…

KÉ-KI-KA-KO, exaspéré.

Cérisy ! Cérisy !

FÈ-NI-HAN.

Je prends toujours le noyau à côté ! Oui, cher de Cérisy, Français sous des habits de Chinois ! oui, chère Virginie, Française sous des habits de Chinoise ! Oui, mes amis ! oui, mes compatriotes ! car vous êtes de Cérisy, Virginie, mes amis, mes compatriotes ! Je n’ai jamais su ni pourquoi ni comment ! mais cela m’est bien égal ! Ah ! vous avez cru que je descendais des augustes souverains de ce pays, et que je régnais, et par droit de conquête, et par droit de naissance ! Ah bien, ouiche ! (solennellement.) Né à Brives-la Gaillarde, le premier… (Fé-an-nich-ton et Ké-ki-ka-ko lui tournent immédiatement le dos.) Non ! non ! rassurez-vous ! je ne vous conterai pas mon histoire ! j’arrive droit au dénouement ! il est lugubre ! Je fus traîné, il y a huit ans, devant le prince Fè-ni-han, le vrai, le seul, l’unique…

KÉ-KI-KA-KO.

L’eunuque !

FÈ-NI-HAN, plus haut.

L’unique…

KÉ-KI-KA-KO, plus haut.

L’eunuque.

FÈ-NI-HAN, plus haut.

Nique.

KÉ-KI-KA-KO, plus haut.

Nuque.

FÉ-AN-NICH-TON.

Assez ! assez ! assez !

FÈ-NI-HAN.

Celui dont je ne suis qu’une déplorable contrefaçon ! (changement de place.) Venons par ici, nous serons mieux ! (Avec l’accent marseillais.) Étranger, me dit-il en excellent français, mais avec la prononciation marseillaise, il avait de l’accent, il avait beaucoup d’accent ! — veux-tu être empalé ? — J’eus le courage de ré-