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KÉ-KI-KA-KO, à Fè-ni-han.

C’est pour vous.

FÈ-NI-HAN, avec dignité.

Je m’en flatte ! je suis connu ! (Continuant la lecture.) « J’ai tout découvert, j’ai ton secret et je tiens ta vie entre mes mains ! Anastase Nourrisson est ton nom ! Brives-la-Gaillarde, ta patrie ! Je peux te livrer au supplice, ainsi que le faux Fè-ni-han et le faux Ké-ki-ka-ko. » (S’interrompant.) Mes enfants, ceci vous regarde ! Reprenant.) « Mais je serai généreux… »

FÉ-AN-NICH-TON, émue.

Mais il sera gé…

KÉ-KI-KA-KO, ému.

Né…

FÈ-NI-HAN, ému.

Reux !

(Tous trois ensemble, très lentement.)

Mais il sera généreux !

FÈ-NI-HAN, continuant.

« Car j’ai vu le jour rue Mouffetard… »

KO-KO-RI-KO, sur le motif du trio.
Je suis Français.
FÈ-NI-HAN, FÉ-AN-NICH-TON, KÉ-KI-KA-KO.
Il est Français.


ENSEMBLE.

Nous sommes tous Français.

FÈ-NI-HAN, reprenant la lecture.

« Car j’ai vu le jour rue Mouffetard, au quatrième étage, maison de la blanchisseuse.

KÉ-KI-KA-KO.

La blanchisseuse.

FÈ-NI-HAN.

Tu la connais ?

KÉ-KI-KA-KO.

Parbleu ! je lui dois sept francs cinquante !

FÈ-NI-HAN.

Chut ! je n’en dirai rien ! (Reprenant.) « Je dois… » (S’interrompant.) Il doit aussi lui ! (Reprenant.) Je dois T. S. V. P… je dois T. S. V. P… »

FÉ-AN-NICH-TON

C’est-à-dire tournez s’il vous plaît.

FÈ-NI-HAN.

Ah ! très bien ! je dois tourner s’il vous plaît ! tournons ! (Reprenant.) « Je dois épargner mes compatriotes ! Si vous avez grand désir de revoir votre patrie, moi je n’ai d’autre ambition que de prendre ta place, Fè-ni-han, et de fainéantiser vingt-quatre heures par jour sur tes coussins ! » (S’interrompant.) Fè-ni-han, va ! (Regardant.) « Donc, ce soir je protège votre fuite, mais il me faut sauvegarder avant tout ma dignité de conjuré, aussi conserverai-je jusqu’au dénouement ma lance, mes yeux flamboyants et ma mine rébarbative. (Fè-ni-han le regardant.) Il est affreux ! (Reprenant.) « Ce ne sera que pour la frime. Ne craignez rien ; et quand vous entendrez trois coups de canon, partez, une chaise de poste vous attendra sur la route de Pékin ; les relais sont préparés jusqu’à Pantin. Bon voyage. » Signé : KO-KO-RI-KO, le chef des Conjurés. »

FÈ-NI-HAN, FÉ-AN-NICH-TON, KÉ-KI-KA-KO.
Sauvés, sauvés ?
(On apporte une grosse caisse à Ko-ko-ri-ko. Fè-ni-han, Fé-an-nich-ton et Ké-ki-ka-ko reprennent chacun leurs instruments.)
KÉ-KI-KA-KO.
Maintenant

En avant
Le noble chant
Du Ba-ta-clan !

TOUS.
FÉ-AN-NICH-TON, FÈ-NI-HAN, KÉ-KI-KA-KO, KO-KO-RI-KO.
III
De notre trompette éclatante

Entendez retentir le son,
Prenez la lance étincelante !
En avant, dragons de carton !

(Ko-ko-ri-ko frappe trois coups sur sa grosse caisse)
FÈ-NI-HAN.
C’est le canon de délivrance.
KÉ-KI-KA-KO.
C’est l’heure de la délivrance !
FÉ-AN-NICH-TON.
En route pour la France !
KO-KO-RI-KO.
À moi le trône et la puissance !
(Ko-ko-ri-ko monte sur le trône. Ké-ki-ka-ko, Fè-ni-han, Fé-an-nich-ton défilent devant lui suivis des Conjurés, en déposant leurs instruments à ses pieds et en reprenant le refrain du Ba-ta-clan.)
TOUS.
Ba-ta-clan !

Ba-ta-clan !
Fè-ni-han !
Fich-ton-kan !

FIN DE BA-TA-CLAN.

PARIS. IMPRIMERIE WALDER, RUE BONAPARTE, 44.