Eh bien, moi, toutes réflexions également faites, je t’empale !
Vous tenez à l’empalement ?
Mon Dieu, oui !
Alors, je cours me joindre aux révoltés ! Ils sont quarante-sept, je serai le quarante-huitième !
Arrête ! arrête !
J’arbore l’étendard de la révolte et j’entonne le chant du Ba-ta-clan !
N’arbore pas ! n’entonne pas, malheureux ! tu appelleras les conjurés.
J’entonne !
N’entonne pas !
J’entonne !
Mais si tu entonnes, j’entonne aussi ! Je me connais, moi ! ce chant est tellement enlevant tellement empoignant, que, dès que je l’entends, je le chante moi-même contre moi-même.
En avant le Ba-ta-clan !
Allons ! en avant le Ba-ta-clan !
Le chapeau chinois, le trombone,
Le triangle, le tambourin,
Le saxhorn et le saxophone,
Hurlent de Nankin à Pékin :
Ba-ta-clan !
Ba-ta-clan !
Fè-ni-han !
Fich-ton-kan !
Habitants du Céleste-Empire,
Levez votre antique étendard !
Ce n’est pas le moment de rire,
Prenez la torche et le poignard !
Ba-ta-clan !
Ba-ta-clan !
Fè-ni-han !
Fich-ton-kan !
Rien ne peut me soustraire
À ce triste trépas !
À ma mort, je le sens, je ne survivrai pas !
Oui, dans les Huguenots, mes amis, avec rage,
Chantons comme des furieux !
Lisons l’adresse ! À monsieur, monsieur Anastase Nourrisson, dit Fè-ni-han, en son palais, de la part de Ko-ko-ri-ko, chef des Conjurés.
(Parlé.) Une !
(Chanté.) Quel est donc !
(Parlé.) Une ! deux !
(Chanté.) Ce mystère !
(Parlé.) Une ! deux ! trois !
(Chanté.) Ce mystère !
(Parlé.) Une ! deux ! trois ! quatre !
(Chanté.) Infernal !
Brisons le sceau ! (Il décachète la lettre.) Lisons ! (Pendant toute cette lecture, Ko-ko-ri-ko se tient debout à droite sur le devant de la seine conservant une figure impassible.) « Ô Fè-ni-han, grand idiot. »