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être spécial et immortel. Huxley, par de minutieuses comparaisons anatomiques, a établi solidement cette vérité fondamentale, tandis que de nouvelles comparaisons avec les singes inférieurs et les demi-singes le conduisaient à son principe pithécométrique, gros de conséquences : « Considérons un organe quelconque, celui que nous voudrons, les différences qu’il présente chez l’homme et chez le singe anthropoïde sont moindres que les différences correspondantes que présente le même organe considéré chez ce dernier singe et chez les singes inférieurs. » Si l’on compare superficiellement ces squelettes anthropomorphes, on aperçoit sans doute des différences aisées à saisir dans les dimensions des diverses parties ; mais elles ne sont que quantitatives, déterminées par une croissance variable, provenant elle-même de l’adaptation à des conditions d’existence variées. Mais ces différences existent aussi, comme on sait, entre les différents hommes ; chez eux aussi les bras et les jambes sont tantôt longs, tantôt courts, le front tantôt haut, tantôt bas, le développement des poils tantôt abondant, tantôt réduit, et ainsi de suite.

Ces arguments anatomiques en faveur de la théorie pithécoïde ont été, comme à souhait, complétés et fortifiés par les brillantes découvertes physiologiques de ces dernières années. Il faut mentionner ici en première ligne les célèbres expériences du Dr H. Friedenthal, de Berlin ; il a montré que le sang humain décomposait et empoisonnait le sang des singes inférieurs et des autres mammifères, mais qu’il n’avait pas cette action sur le sang des singes anthropoïdes. Déjà auparavant, des expériences de transfusion avaient révélé