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tion n’a pas été d’embrouiller complètement le lecteur et de l’acheminer par ce procédé à adopter le dogme le plus plat de l’Église.

Le livre de Wasmann a suscité une critique forte et approfondie de la part de divers naturalistes compétents, en particulier de Escherich et de Francé ; en même temps qu’ils reconnaissent pleinement ses mérites réels, ils mettent en garde, avec insistance, contre les dangers graves dont la science biologique est menacée par l’insinuation chez elle de l’esprit de perfidie jésuitique. Escherich expose tout au long les contradictions flagrantes et les inexactitudes manifestes que renferme cette « théorie ecclésiastique de la descendance » ; il résume fort bien son opinion dans cette phrase : « S’il est vrai que la théorie de la descendance ne soit conciliable que sous la forme où elle est exposée ici, avec les dogmes de l’Église, Wasmann a fourni la preuve rigoureuse que la conciliation de la théorie de la descendance avec les dogmes de l’Église était chose impossible. Car, ce que Wasmann nous sert ici comme théorie de la descendance est une chose si défigurée qu’elle est méconnaissable, et ne sera jamais viable. » En pur jésuite, Wasmann cherche à prouver que le darwinisme n’a pas pour conséquence d’anéantir, mais d’établir solidement la théorie de la création surnaturelle, et que ce ne sont pas, à proprement parler, Lamarck et Darwin mais saint Augustin et saint Thomas d’Aquin qui ont fondé la théorie de l’évolution. « Car Dieu n’intervient pas immédiatement dans l’ordre de la nature, là où il peut agir par des causes naturelles. » L’homme seul fait une remarquable exception, car : « L’âme humaine,