meurt le cerveau, l’âme, du même coup, atteint sa fin.
D’autres témoignages à l’appui de cette thèse nous sont fournis par la phylogénie de l’âme, telle qu’elle ressort de la psychologie comparée des mammifères inférieurs et supérieurs, des peuples primitifs et civilisés. L’ethnographie moderne nous présente, aujourd’hui encore, à côté les uns des autres, les niveaux les plus divers de hauteur intellectuelle. Les peuples les plus primitifs, les Weddas de Ceylan, les Nègres d’Australie, ne dépassent que fort peu la vie psychique des singes anthropoïdes les plus rapprochés d’eux ; les sauvages supérieurs nous conduisent peu à peu, en passant par le stade intermédiaire des barbares, aux peuples civilisés et de ceux-ci aux nations parfaitement cultivées. Mais ici encore, quel abîme se révèle entre le génie d’un Goethe, d’un Lamarck ou d’un Darwin et un philistin ordinaire ou un bureaucrate de troisième ordre ! Toutes ces expériences concordent pour nous convaincre que l’âme humaine, elle aussi s’est développée phylogénétiquement pour s’élever avec le temps à la hauteur où elle est aujourd’hui, — qu’elle ne diffère pas qualitativement, mais seulement quantitativement de l’âme des mammifères supérieurs, — et que, par suite, elle ne saurait, en aucun cas, être immortelle.
Si, en dépit de cette évidence nette, un si grand nombre de savants, aujourd’hui encore, demeurent attachés au dogme de l’immortalité personnelle, cela s’explique par la puissance inouïe de la tradition conservatrice et par cette regrettable circonstance pédagogique que, dès la plus tendre jeunesse, on imprime de force à la raison naissante ces inadmissibles articles de