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Mis., II, 5, 744.) — Il est en lieu dont je réponds. (Id., L’Av., V, 6.) — Comme il sait, de traîtresse manière, Se faire un beau manteau de tout ce qu’on révère... (Id., Tart., V, 6, 1885.) — Il vous sied mal d’écrire en si haut style. (La Font., Fabl., II, 1, 38.) — Elle n’étoit encore accoutumée à si rude exercice. (Id., Contes, IV, 9, 104.) — Chacun est couvert de quelque peau de bête farouche qu’il a tuée. (Fén., Tél., IX [X].) — Elle fut tout à coup changée en fontaine, qui, coulant dans le sein du fleuve, va joindre ses eaux à celles du dieu son père. (Id., Tél., XV [XX].)

Dans toutes ces constructions, tantôt le substantif est précédé d’un adjectif renforcé par si (cas où l’omission de l’article était régulière dans l’ancien français), tantôt il est déterminé par une proposition relative.

II. Comme dans l’ancienne langue, l’article est omis devant un substantif modifié par autre, tel et demi.

Ex. : Si nous en faisons autre jugement. (Malh., II, 86.) — Je serois jaloux qu’autre bras que le mien portât les premiers coups. (Corn., Pomp., I, 1, 160.) — Auriez-vous autre pensée en tête ? (Mol., Tart., I, 5, 414.) — J’ai vu qu’on parloit d’autre gendre. (Id., F. sav., II, 11, 656.) — On fit arrêter M. de M., sans qu’il fut chargé d’autre crime que d’être sa créature. (La Rochef., Mém., II, 321.) — Que chacun sous telle puissance Captive son obéissance. (Malh., I, 97, 7.) — L’amour qui me portoit eut sur lui tel pouvoir, Qu’il voulut, etc. (Corn., Œdipe, II, 3, 646.) — Il y a telle liaison entre notre âme et notre corps que, etc. (Desc., Pass., 107.) — L’un ayant assez montré qu’il est incapable de telle sottise, etc. (Pasc., Pens., I, 180.) — Le roi arriva demie heure après que le sermon fut commencé. (Malh., III, 153.) — Ceux-là ne sauroient s’entretenir demie heure sans te dire cent fois que, etc. (Balz., Lettr., III, 3.) — Un mot les met aux champs, demi mot les rappelle. (La Font., L’Eun., V, 2, 1430.) — Son carrosse et son chariot étoient demeurés entre deux rochers à demi-lieue de Vitré. (Sév., II, 288.)

Bien que Malherbe n’emploie pas lui-même toujours l’article indéfini dans les cas précités, comme on l’a vu à B, C et D, il en blâme l’omission dans Desportes (IV, 361 ; C. D. El., I, 7 ; IV, 433 ; Ibid., Div. Am. Compl. 2 ; IV, 388 ; El., II, Av., 1e ; IV, 288 ; D. II, 49). La tournure c’est chose glorieuse paraît archaïque à Vaugelas (I, 353), qui exige c’est une chose glorieuse. Th. Corneille affirme aussi que, d’après la règle, l’article ne