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aux flancs des collines des environs de Richmond et de Kingston, masquaient de noires et menaçantes bouches à feu. Dans l’espace incendié et désolé – en tout peut-être une trentaine de kilomètres carrés – qui entourait le campement des Martiens, sur la lande de Horsell, à travers les ruines et les décombres des villages, les arcades calcinées et fumantes, qui, un jour seulement auparavant, avaient été des bosquets de sapins, se glissaient d’intrépides éclaireurs munis d’héliographes pour avertir les canonniers de l’approche des Marsiens. Mais les Marsiens connaissaient maintenant la portée de notre artillerie et le danger de toute proximité humaine, et nul ne s’aventura qu’au prix de sa vie dans un rayon d’un mille autour des cylindres.

Il paraît que ces géants passèrent une partie de l’après-midi à aller et venir, transportant le matériel des deux autres cylindres – le second tombé dans les pâturages d’Addlestone, et le troisième à Pyrford – à leur place primitive sur la lande d’Horsell. Au-dessus des bruyères incendiées et des édifices écroulés, commandant une vaste étendue, l’un d’eux se tint en sentinelle, tandis que les autres, abandonnant leurs énormes machines de combat, descendirent dans leur trou. Ils y travaillèrent ferme bien avant dans la nuit, et la colonne de fumée dense et verte qui s’élevait et planait au-dessus d’eux se voyait des collines de Merrow et même, dit-on, de Banstead et d’Epsom Downs.

Alors, tandis que derrière moi les Marsiens se préparaient ainsi à leur prochaine sortie, et que devant moi l’humanité se ralliait pour la bataille, avec une peine et une fatigue infinies, à travers les flammes et la fumée de Weybridge incendié, je me mis en route vers Londres.

J’aperçus, lointaine et minuscule, une barque abandonnée qui suivait le fil de