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XIII

PAR QUEL HASARD JE RENCONTRAI LE VICAIRE

Après avoir donné aux humains cette brutale leçon sur la puissance de leurs armes, les Marsiens regagnèrent leur première position sur la lande de Horsell, et dans leur hâte — encombrés des débris de leur compagnon – ils négligèrent sans doute plus d’une fortuite et inutile victime telle que moi. S’ils avaient abandonné leur camarade et, sur l’heure, poussé en avant, il n’y avait alors entre eux et Londres que quelques batteries de campagne, et ils seraient certainement tombés sur la capitale avant l’annonce de leur approche ; leur arrivée eût été aussi soudaine, aussi terrible et funeste que le tremblement de terre qui détruisit Lisbonne.

Mais ils n’éprouvaient sans doute aucune hâte. Un par un, les cylindres se suivaient dans leur course interplanétaire ; chaque vingt-quatre heures leur amenait des renforts. Pendant ce temps les autorités militaires et navales, se rendant pleinement compte de la formidable puissance de leurs antagonistes, se préparaient à la défense avec une fiévreuse énergie. On disposait incessamment de nouveaux canons, si bien qu’avant le soir chaque taillis, chaque groupe de villas suburbaines, étagés