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XII

CE QUE JE VIS DE LA DESTRUCTION DE WEYBRIDGE ET DE SHEPPERTON

Quand l’aube fut trop claire, nous nous retirâmes de la fenêtre d’où nous avions observé les Marsiens, et nous descendîmes doucement au rez-de-chaussée.

L’artilleur convint avec moi que la maison n’était pas un endroit où demeurer. Il se proposait, dit-il, de se mettre en route vers Londres et de rejoindre sa batterie. Mon plan était de retourner sans délai à Leatherhead, et la puissance des Marsiens m’avait si grandement impressionné que j’étais décidé à emmener ma femme à Newhaven et de là j’espérais quitter immédiatement le pays avec elle. Car je me rendais déjà clairement compte que les environs de Londres allaient être inévitablement la scène d’une lutte désastreuse, avant que de pareilles créatures puissent être détruites.

Entre nous et Leatherhead, cependant, il y avait le troisième cylindre avec ses gardiens gigantesques. Si j’avais été seul, je crois que j’aurais tenté la chance de passer quand même. Mais l’artilleur m’en dissuada.

— Quand on a une femme supportable, il n’y a pas de raison de la rendre veuve, dit-il.

Enfin je consentis à aller avec lui, en nous abritant dans les bois, et de remonter vers le nord jusqu’à Street Cobham avant de nous séparer. De là, je devais faire un grand détour par Epsom pour rejoindre Leatherhead.

Je me serais mis en route sur-le-champ, mais mon compagnon avait plus d’expérience. Il me fit chercher dans toute la maison pour trouver un flacon