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XI

À LA FENÊTRE

J’ai déjà dit que mes plus violentes émotions ont le don de s’épuiser d’elles-mêmes. Au bout d’un moment, je m’aperçus que j’étais glacé et trempé, et que de petites flaques d’eau se formaient autour de moi, sur le tapis de l’escalier. Je me levai presque machinalement, entrai dans la salle à manger et bus un peu de whisky ; puis j’eus l’idée de changer de vêtement.

Quand ce fut fait, je montai jusqu’à mon cabinet de travail, mais je ne saurais dire pour quelle raison. La fenêtre donne, par-dessus les arbres et le chemin de fer, vers la lande d’Horsell. Dans la hâte de notre départ, elle avait été laissée ouverte. Le palier était sombre, et, contrastant avec le tableau qu’encadrait la fenêtre, le reste de la pièce était impénétrablement obscur. Je m’arrêtai court sur le pas de la porte.

L’orage avait passé. Les tours du Collège Oriental, et les sapins d’alentour n’existaient plus et tout au loin, éclairée par de vifs reflets rouges, la lande, du côté des carrières de sable, était visible. Contre ces reflets, d’énormes formes noires, étranges et grotesques, s’agitaient activement de ci et de là.

Il semblait vraiment que, dans cette direction, la contrée entière fût en flammes :