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aux laboratoires d’Ealing et de South Kensington, ont découragé les chimistes, qui n’osent se livrer à de plus amples investigations. L’analyse spectrale de la Poussière Noire indique, sans possibilité d’erreur, la présence d’un élément inconnu, qui forme, dans le vert du spectre, un groupe brillant de trois lignes ; il se peut que cet élément se combine avec l’argone, pour former un composé qui aurait un effet immédiat et mortel sur quelque partie constitutive du sang. Mais des spéculations aussi peu prouvées n’intéressent guère l’ordinaire lecteur, auquel s’adresse


ce récit. On n’avait naturellement pas pu examiner l’écume brunâtre qui descendit la Tamise après la destruction de Shepperton, et on n’aura plus l’occasion de le faire.

J’ai déjà donné les résultats de l’examen anatomique des Marsiens, autant qu’un tel examen était possible sur les restes laissés par les chiens errants. Tout le monde a pu voir le magnifique spécimen, presque complet, qui est conservé dans l’alcool au Muséum d’Histoire Naturelle, ou les innombrables dessins et reproductions qui en furent faits ; mais, en dehors de cela, l’intérêt qu’offrent leur physiologie et leur structure demeure purement scientifique.

Une question, d’un intérêt plus grave et plus universel, est la possibilité d’une nouvelle attaque des Marsiens. Je suis d’avis que l’on n’a pas accordé suffisamment d’attention à cet aspect du problème. À présent, la planète Mars est en conjonction, mais pour moi, à chaque retour de son opposition, je m’attends à une nouvelle

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