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XV

LES ÉVÉNEMENTS DANS LE SURREY

Pendant que le vicaire, l’air égaré, tenait ses discours incohérents, à l’ombre de la haie dans les prairies basses de Halliford ; pendant que mon frère regardait les fugitifs arriver sans cesse par Westminster Bridge, les Marsiens avaient repris l’offensive. Autant qu’on peut en être certain, d’après les récits contradictoires qu’on a avancés, la plupart, affairés par de nouveaux préparatifs, restèrent auprès des carrières de Horsell ce soir-là, jusqu’à neuf heures, pressant quelque travail et produisant d’immenses nuages de fumée noire.

Mais assurément trois d’entre eux sortirent vers huit heures ; ils s’avancèrent avec lenteur et précaution, traversèrent Byfleet et Pyrford, jusqu’à Ripley et Weybridge, et se trouvèrent ainsi contre le couchant en vue des batteries en alerte. Ils n’avançaient pas ensemble, mais séparés l’un de l’autre par une distance d’environ un mille et demi. Ils communiquaient entre eux au moyen de hurlements semblables à la sirène des navires, montant et descendant une sorte de gamme.

C’étaient ces hurlements et la canonnade de Ripley et de St George’s Hill, que nous avions entendus à Upper Halliford. Les canonniers de Ripley, artilleurs volontaires et fort novices, qu’on n’aurait jamais dû placer dans une pareille position, tirèrent une volée désordonnée, prématurée et inefficace, et se débandèrent, à