au point d’exaltation où les succès d’Harrison les avaient élevées, la conquête de tout le Canada eût à peine suffi : la plupart des citoyens ne se faisaient pas d’idée des dangers et des difficultés d’une pareille entreprise. Le peuple, en Amérique, comme les souverains dans les autres pays, ne considère que les succès ou les revers de ses agents, et ne tient nul compte des circonstances plus ou moins favorables dans lesquelles ils se trouvent placés. Aussi, le désir de satisfaire l’attente publique en faisant embrasser des opérations trop vastes, fut-il l’une des causes des malheurs de cette campagne, qui eut un résultat si différent de celui qu’on attendait.
Après que la santé du général Dearbom l’eut forcé de donner sa démission, le général Wilkinson, qui avait jusqu’alors commandé dans le Sud de l’union, fut appelé au commandément de toutes les forces qui se trouvaient sur la frontière du Canada. Quelle que fut la diversité des opinions en ce qui concernait la, conduite antérieure et la réputation de ce général, tout le monde s’accordait sur ce point, qu’il avait plus de talents militaires qu’aucun autre officier de l’armée américaine ; et on espérait qu’il apporterait tous ses soins à ren-