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Le Havre-de-Grâce, joli bourg de vingt à trente maisons, situé sur la Susquehanna, à deux milles environ de l’embouchure de cette rivière, devint le second théâtre des déprédations de l’amiral. Le 5 mai, à la pointe du jour, il annonça son approche par quelques fusées incendiaires. Les habitants, saisis de terreur, se portèrent sur la rive où se trouvaient quelques canons de très-petit calibre. Ils tirèrent deux ou trois volées, mais les barges de Cockburn s’approchant toujours, ils se mirent tous à fuir, abandonnant leurs maisons et leurs propriétés à la discrétion des Anglais. Un seul citoyen, homme âgé, nommé O’Neil, resta à sa pièce, la chargea, et la tira plusieurs fois jusqu’à ce que le canon qu’il servait l’eût, en reculant, grièvement blessé ; s’armant d’un fusil, il fit, tout en boitant une retraite honorable devant la colonne ennemie qui pour lors était entièrement débarquée.

Dès que les Anglais se furent rendus maîtres du bourg, ils le livrèrent au pillage ; et après avoir assouvi leur sordide avarice, ils commirent une multitude d’actes aussi atroces qu’inutiles, et qui n’avaient pour but que de satisfaire leurs passions haineuses et cruelles.