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§4.

Pythagore et son école.

Comme Thalès, Pythagore avait développé ses connaissances par de longs voyages en Chaldée et en Égypte. Pour lui le principe de toutes choses était l’ordre ou l’harmonie. Les pythagoriciens appliquaient ce principe même à la vie matérielle : « Comme la puissance de l’esprit, disaient-ils, l’emporte sur celle du corps, il faut donner plus de nourriture à l’un qu’à l’autre. » Tout le monde connaît le régime frugal des disciples de Pythagore, et leurs pratiques ascétiques qui rappellent la vie des anachorètes de la Thébaïde et des brahmines de l’Inde.

Voici les principales doctrines de Pythagore, que s’approprièrent plus tard les néoplatoniciens et les alchimistes.

« Les nombres constituent le principe de toutes choses[1]. » — Le mot nombre (ἀριθμός) est pris ici dans un sens très-étendu ; il peut signifier grandeur, quantité, corps, par opposition à l’espace qui était posé = 0. Mais il signifie aussi rapport ; et c’est probablement dans ce sens qu’il faut le prendre.

Les nombres impairs (περιττά) sont seuls complets et parfaits ; les nombres pairs sont imparfaits ; car un nombre impair, additionné à un nombre pair, donne toujours un nombre impair. Un nombre pair, divisé par deux, ne donne aucun reste ; tandis que la division d’un nombre impair par deux laisse toujours un élément placé au milieu de deux moitiés égales. Le nombre impair a donc un commencement, un milieu et une fin ; le nombre pair n’a pas de milieu.

Le nombre 10 est le plus parfait de tous, parce qu’il comprend toutes les unités, et que le tétractys est le résultat de l’addition des quatre premiers nombres : [2]. Le tétractys était le symbole du serment des initiés, dans les doctrines de Pythagore[3].

C’est à la doctrine pythagoricienne des nombres que se rattache

  1. Arist., I}, c. 5. Cic., Metaphys., Quæst. Acad., iv, c. 37.
  2. Au tétractys se rattachait le tétragamme mystérieux de יהוה, jouant un si grand rôle dans la religion mystique des Chaldéens et des Égyptiens, auxquels Pythagore avait en partie emprunté ses doctrines.
  3. Porphyre, de Vita Pythag., éd. Kiesling, p. 50