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PREMIÈRE ÉPOQUE

S’il est vrai que les métaux doivent, comme l’or et l’argent, leurs dénominations primitives à leur aspect ou à quelque propriété physique saillante, nous établirons, contrairement à l’autorité de tous les traducteurs et archéologues, que l’opheret (עוֹפֶרֶת) des Hébreux, des Phéniciens et des Égyptiens, est, non pas le plomb, mais le cuivre[1] ; car opheret dérive de aphar (עָפַר), rouge, ou terre rougeâtre[2]. Or la couleur rouge n’est applicable qu’au cuivre. Le mot opheret ne saurait faire allusion à la couleur de la litharge ; car jamais les propriétés des composés métalliques, qui étaient considérés comme des produits tout particuliers, ne servaient à désigner le métal. Sans doute les anciens connaissaient le plomb, mais ce métal n’avait alors aucun nom spécial : bedil signifiait, ainsi que nous venons de l’indiquer, tantôt étain, tantôt plomb. Il règne ici la même confusion que chez les Romains et les Grecs, pour les mots stannum, plumbum et χασίτερος.

Les composés métalliques, les plus anciennement connus, sont les oxydes (rouilles) de fer, de plomb, de cuivre et d’étain, obtenus, soit par la calcination, soit par la simple exposition de ces métaux à l’air. Peut-être faut-il y ajouter encore les acétates, préparés par la dissolution des métaux dans le vinaigre. Certains oxydes métalliques (rouilles) étaient depuis longtemps employés par les Égyptiens et les Phéniciens pour colorer le verre.

Les Hébreux, moins industrieux que les Égyptiens, auxquels ils empruntèrent leurs arts, avaient des mines dans le pays de Chanaan[3] ; mais on ne voit point qu’ils les aient exploitées. D’ailleurs ils ne nous ont laissé aucun détail sur les procédés dont ils se servaient pour l’extraction et l’affinage des métaux. Nous n’avons à cet égard que des mots isolés, tels que fourneau de fer (pour préparer le fer) (כּוּר הַבַּרְזֶל)[4], scories (כֶּ֣סֶף סִ֭יגִים)[5], four pour purifier l’argent et l’or (סִגִים כֶּסֶף וְוַהַכ

    portant toutes sortes de richesses, et remplissaient vos marchés d’argent, de fer, d’étain et de plomb. »

  1. Exode, XV, 10. Zach. V, 8.
  2. Job. XXVIII, 6. Prov. VIII, 26.
  3. Deut. VIII, 9. Job parle également de mines (c. XXVII). Il en est encore question Psaum. XCV, 4, et Isa. II, 1.
  4. Deut. IV, 20. I Reg. VIII), 51. Jer. XI, 4.
  5. Prov. XXVI, 23. Ps. CXIX, 140. Isa. I, 22, 25.